Comment concevoir une stratégie Go-to-market en 8 étapes

Comment concevoir une stratégie Go-to-market en 8 étapes

Mateusz Makosiewicz
Chercheur en marketing et éducateur chez Ahrefs. Mateusz a plus de 10 ans d’expérience dans le marketing au sein d’agences, d’entreprises de SaaS et de matériel. Lorsqu’il n’écrit pas, il compose de la musique ou profite de longues promenades.
La plu­part des nou­veaux pro­duits con­nais­sent un échec, nous avons tous enten­du ça. Mais plus vous pré­parez votre lance­ment de pro­duit, plus grandes seront les chances d’échapper à cette décourageante statistique.

La stratégie Go-to-mar­ket (par­fois appelée mise sur le marché en français) est la méth­ode pour vous don­ner les clés pour intro­duire un nou­veau pro­duit sur le marché en opérant des change­ments sig­ni­fi­cat­ifs pen­dant qu’il en est encore temps.

Vous allez appren­dre dans cet article :

Une stratégie go-to-mar­ket (GTM) est le plan d’une société pour apporter un nou­veau pro­duit ou ser­vice sur le marché. Fon­da­men­tale­ment, cela va vous per­me­t­tre d’identifier ce que vous allez offrir, à quel marché, à quel prix, com­ment vous allez le présen­ter et ce qui va devoir être mis en place de manière opéra­tionnelle pour lancer le pro­duit ou service.

Ces ter­mes sont sou­vent util­isés à tort pour par­ler des mêmes choses, mais ils représen­tent des con­cepts dif­férents. Voici une rapi­de com­para­i­son entre la stratégie go-to-mar­ket, stratégie mar­ket­ing et busi­ness plan :

Dans un monde idéal, sans fric­tion ni con­cur­rence, vous pour­riez lancer votre pro­duit avec un sim­ple clic suivi d’un sim­ple tweet. Tout le monde apprendrait l’existence de votre pro­duit, le voudrait et tout irait pour le mieux. Mais, mal­heureuse­ment, les choses ne sont pas aus­si sim­ples. Voyons donc les trois raisons pour lesquelles vous avez besoin d’une stratégie GTM.

1. Vous préparer à grandir

Se pré­par­er à grandir veut dire iden­ti­fi­er le meilleur scé­nario pour le lance­ment de votre pro­duit et savoir com­ment saisir l’opportunité.

Lorsque vous développez une stratégie go-to-mar­ket, vous assurez que :

  • Le pro­duit résout le prob­lème de votre audi­ence cible.
  • Il y a de la demande pour votre pro­duit, et sans doute plus dans un avenir proche.
  • Vos clients ver­ront la valeur de votre pro­duit et seront capa­bles de se l’offrir.
  • Vous ne vous lancez pas dans un marché saturé.
  • Vous avez un avan­tage con­séquent sur vos concurrents
  • Vous êtes opéra­tionnelle­ment prêt à grandir (ou vous avez un plan pour croître)

2. Réduire les risques

À l’inverse de se pré­par­er à grandir, le rôle de réduc­tion des risque d’une stratégie go-to-mar­ket est de vous aider à iden­ti­fi­er le scé­nario cat­a­stro­phe et com­ment l’éviter.

Quel est le risque ?

Si le lance­ment de votre pro­duit est un flop, il va sans doute être dif­fi­cile de remon­ter la pente si votre pro­duit ou votre mar­que est criblée de mau­vais­es cri­tiques. Si ce n’est pas un grand prob­lème pour des géants comme Microsoft et Apple peu­vent se per­me­t­tre ce genre de flops, la plu­part des entre­pris­es n’ont pas un bud­get illim­ité ou des filets de sécurité.

3. Aligner l’entreprise vers le lancement du produit

Se pré­par­er à lancer un pro­duit est sou­vent per­du dans le flot quo­ti­di­en du RevOps (Rev­enue Opéra­tion, lorsque mar­ket­ing, com­mer­cial et ser­vice client croisent leurs objec­tifs) . Mais quel meilleur moment pour avoir l’aval de tous les autres ser­vices ? Quel autre moyen de gér­er les attentes du lancement ?

S’aligner avec l’entreprise veut dire que tout le monde sait que vous allez lancer le pro­duit et que cha­cun est dans les start­ing blocks quand vous allez appuy­er sur le gros bou­ton rouge “lance­ment”.

Donc fini les “le ser­vice mar­ket­ing ne nous donne pas d’infos” ou “le ser­vice com­mer­cial ne sait pas ce qu’il vend”. Plus de représen­tants du sup­port qui cherchent dés­espéré­ment des répons­es dans tous les bureaux. Per­son­ne n’a envie de ce genre de drama.

4. Évaluer et sécuriser les ressources

Avant même de penser à lancer quoi que ce soit, il faut vous assur­er que vous avez assez de temps pour vous pré­par­er et suff­isam­ment d’argent pour financer vos tac­tiques. Une stratégie go-to-mar­ket per­met de vous en assurer.

Vous ne pour­rez pas tout prévoir. Per­son­ne ne le peut. Mais il y a tout de même beau­coup d’élé­ments que vous pou­vez prédire et influ­encer lorsque vous lancer un pro­duit. Plutôt que de réin­ven­ter la roue, voyons toutes les étapes de la con­struc­tion d’une stratégie go-to-mar­ket autour d’éléments testés et éprouvés.

  1. Iden­ti­fiez votre marché (ain­si que vos concurrents)
  2. Iden­ti­fiez votre client
  3. Définis­sez le posi­tion­nement et le prix de votre produit
  4. Définis­sez la dis­tri­b­u­tion de votre produit
  5. Syn­chro­nisez le mar­ket­ing, le com­mer­cial et le ser­vice client
  6. Déter­minez le bud­get, le plan­ning et les ressources nécessaires
  7. Définis­sez les moyens de mesur­er et suiv­re votre succès

1. Identifiez votre marché (ainsi que vos concurrents)

L’étude de marché est votre pre­mier allié. Plus vite vous pou­vez vous en servir, mieux c’est. Cela dit, c’est une proces­sus très impor­tant mais très chronophage, nous avons donc écrit un arti­cle dédié à ce sujet.

Je vous donne tout de même quelques élé­ments de cet arti­cle pour pou­voir continuer.

Tout d’abord, 90% de votre suc­cès est dans l’obtention des bonnes don­nées. Vous devez rassem­bler et analyser les études pri­maires (faites par vous-même) et sec­ondaires (faites par d’autres et déjà disponibles). Les études sec­ondaires peu­vent être des rap­ports ou sta­tis­tiques d’industries, livres blancs, etc. C’est la méth­ode la plus abor­d­able (rel­a­tive­ment) et rapi­de pour obtenir des don­nées sur votre marché.

Par exem­ple, si vous êtes dans l’impression 3D, vous devriez vous fournir le Wohlers Report, qui pro­pose une “Étude et analyse mon­di­ale de l’additive man­u­fac­tur­ing (AM) et impres­sion 3D”.

Wohler’s Report— un exem­ple d’étude de marché sec­ondaire sur l’industrie de l’impression 3D

De tels rap­port vous offrent une exper­tise macro du marché et une vue d’ensemble de ce qui vous entoure.

Ensuite, aucune étude de marché n’est com­plète sans une analyse de la con­cur­rence. C’est réelle­ment indis­pens­able. Une analyse de la con­cur­rence (ou analyse con­cur­ren­tielle) vous dit ce que vos con­cur­rents font bien, mal ou pas du tout. Voici un guide pas à pas sur com­ment en men­er une.

Une fois votre analyse de la con­cur­rence ter­minée, vous devriez être en mesure de men­er une analyse SWOT.

Voici un exem­ple d’analyse SWOT pour un out­il d’emailing imaginaire :

Au-delà des méth­odes d’étude de marché men­tion­nées plus haut, je vous encour­age à men­er une étude pri­maire. Men­er une étude pri­maire peut faire venir des idées uniques qui pour­ront vous aider à trou­ver un marché intouché avec un fort poten­tiel. Pour cela vous devez penser enquêtes, sondages, entre­tiens et groupes de discussion.

Pour reli­er tous les points de votre étude de marché, voici un tableau. Nous l’avons rem­pli avec des fauss­es don­nées sur le secteur de l’impression 3D. Si vous pou­vez le rem­plir en vous bas­ant sur votre étude, vous pou­vez aller plus loin dans le proces­sus de GTM.

2. Identifiez votre client

Une fois que vous avez une bonne idée de votre marché, il est temps d’aller à un niveau “en-dessous” pour com­pren­dre à qui vous allez vendre.

En fonc­tion de vos ressources, il y a deux moyens d’identifier vos clients :

  • La méth­ode sci­en­tifique. Par­lez à vos clients poten­tiels (en vous bas­ant sur votre étude de marché). Ça peut être vos leads, vos fol­low­ers sur les réseaux soci­aux, ou tout sim­ple­ment des per­son­nes que vous con­nais­sez qui pour­raient être intéressés par votre pro­duit. Vous pour­riez aus­si con­sid­ér­er l’utilisation de ser­vices comme Sur­vey­Mon­key, UserTest­ing, ou Remesh pour con­tac­ter ces personnes.
  • La sup­po­si­tion éclairée. Si vous n’êtes pas encore en mesure de par­ler à des gens, il va fal­loir être créatif. L’astuce est de vous servir des don­nées de vos con­cur­rents et les “enrichir” via d’autres sources. Par exem­ple, un con­cur­rent pub­lie une étude de cas avec une cita­tion de l’un de ses clients, vous pou­vez peut-être enquêter sur ce dernier sur LinkedIn. Vous pou­vez aus­si chercher des don­nées sur ce secteur sur le poste qu’occupe cette per­son­ne dans la société. Vous pour­riez par exem­ple décou­vrir que la recherche organique est la pri­or­ité de dépense n°1 selon une enquête auprès des CMO.

La dernière étape habituelle de cette étape est la per­sona du client. Un per­sona imag­i­naire que vous créez pour représen­ter les car­ac­téris­tiques com­munes de vos clients (un arché­type). N’oubliez pas que votre marché peut avoir plusieurs personas.

Voici un exem­ple de ce à quoi pour­rait ressem­bler la per­sona d’un client de Ahrefs :

Un per­sona d’acheteur va vous aider à visu­alis­er le par­cours d’acheteur de votre client, mieux com­pren­dre qui ils sont, leurs objec­tifs et leurs défis.

Vous pou­vez utilis­er la per­sona pour vous aider à organ­is­er et com­mu­ni­quer des idées sur vos clients poten­tiels? Si vous cherchez plus d’information sur ce sujet, voici un guide détail­lé sur com­ment créer une per­sona d’acheteur.

Si vous vendez en B2B, il vaut aus­si le coup de faire la carte des proces­sus de prise de déci­sions au sein des organ­i­sa­tions que vous ciblez. On appelle cela le “buy­ing cen­ter” ou cen­tre d’achat, cela va vous aider à déter­min­er vers qui diriger le mar­ket­ing de votre pro­duit ou service.

  • Ini­ti­a­teur : lance le proces­sus d’achat
  • Util­isa­teur : L’utilisateur final du produit
  • Influ­enceur : con­va­inc les autres 
  • Décideur : approu­ve l’achat
  • Acheteur : con­trôle le budget
  • Appro­ba­teur : man­ag­er qui pousse l’initiative à plus grande échelle
  • Gar­di­en : con­trôle le flux information

Par exem­ple, imag­i­nons que vous visez les agences SEO. Le cen­tre d’achat ressem­ble à quelque chose comme cela :

  • Ini­ti­a­teur : Man­ag­er SEO senior
  • Util­isa­teur : Man­ag­er SEO, man­ag­er con­tent mar­ket­ing, ana­lyste SEO
  • Influ­enceur : Directeur du con­tent marketing 
  • Décideur : Respon­s­able du SEO
  • Acheteur : spé­cial­iste opérationnel
  • Appro­ba­teur : CEO
  • Gar­di­en : spé­cial­iste opérationnel

3.Définissez le positionnement et le prix

Le posi­tion­nement et le prix de votre pro­duit est la base selon laque­lle le marché va le percevoir. Si c’est dévelop­pé cor­recte­ment, ils fonc­tion­nent en tan­dem pour aider à faire adopter votre produit.

Positionnement du produit

Le posi­tion­nement est un incon­tourn­able du mar­ket­ing. Le terme a été inven­té à la fin des années 60s par Jack Trout et plus tard étudié dans son best-sell­er coécrit avec Al Ries : “Posi­tion­ing : The Bat­tle for Your Mind”.

Selon Trout et Ries, le posi­tion­nement d’un pro­duit (ou mar­que) est de s’assurer que les con­som­ma­teurs iden­ti­fient instan­ta­né­ment ce pro­duit avec un avan­tage par­ti­c­uli­er ou un petit ensem­ble d’avantages.

Pourquoi un seul avan­tage ou un petit ensem­ble ? Parce que dans notre société de plus en plus bruyante, les pro­duits et mar­ques ont besoin de mes­sages sur-sim­pli­fiés pour se démarquer.

Voyons un exem­ple de posi­tion­nement. Cet exem­ple est prob­a­ble­ment l’un des plus spec­tac­u­laires et célèbres qui existe : loca­tion de voiture Avis.

Au moment de pub­li­er cette pub, Avis était n°2 dans le secteur de la loca­tion de voiture. Ils se sont sai­sis de ce fait gênant pour le retourn­er à leur avantage.

Slack est un autre bon exem­ple de posi­tion­nement produit…

Depuis le tout début, Slack posi­tionne son pro­duit comme un out­il anti-email et a poussé cette nar­ra­tion à chaque opportunité.

Source: cmo.com.au

Voilà, en quelques mots, ce qu’est le posi­tion­nement. Ce n’est pas créer quelque chose de nou­veau ou dif­férent, c’est manip­uler ce qui est déjà dans l’esprit du prospect.

L’outil le plus utile dans le développe­ment de votre posi­tion­nement est la carte per­ceptuelle (par­fois appelée carte de posi­tion­nement). Une carte per­ceptuelle illus­tre le posi­tion­nement de pro­duits (ou mar­ques) dans l’esprit des clients.

Pour en créer une, vous devez iden­ti­fi­er les attrib­uts (les dimen­sions) qui définis­sent l’espace du pro­duit pour déter­min­er la posi­tion d’un pro­duit don­né dans cet espace.

La meilleure méth­ode (et la plus sci­en­tifique) pour dévelop­per une carte per­ceptuelle est de déter­min­er les fac­teurs qui affectent la déci­sion d’achat du client et deman­der à un échan­til­lon de vos prospects pour not­er les pro­duits selon ces fac­teurs. Vous pou­vez générale­ment, selon ces résul­tats, plac­er les pro­duits sur un graphique en deux dimensions.

Nestlé a com­mandé la carte per­ceptuelle ci-dessus pour les aider à amen­er une nou­velle barre choco­latée sur le marché (étude de cas). Elle mon­tre com­ment les con­som­ma­teurs perçoivent les choco­lats de la con­cur­rence en Nou­velle Zélande. Par exem­ple, ils ont con­sid­éré que le choco­lat noir au chili de Lindt était un choix mature et exo­tique alors que la Milky­bar est une option plus tra­di­tion­nelle et jeune.

Lorsque vous posi­tion­nez un pro­duit, assurez-vous de rem­plir ces trois prérequis :

  • Le con­som­ma­teur ciblé attache de l’importance à au posi­tion­nement. Ça ne peut pas être quelque chose d’unique mais qui n’a aucun sens. Ça ne marchera pas.
  • L’organisation est par­ti­c­ulière­ment adap­tée pour délivr­er le pro­duit. Quel serait la base sur laque­lle vous vous posi­tion­nez, quels sont vos avan­tages sur la con­cur­rence, pourquoi le con­som­ma­teur devrait vous croire et est-ce que votre pro­duit a les bonnes caractéristiques ?
  • Les con­cur­rents ne sont pas en mesure de répon­dre à la demande. Mais vous le pouvez.

Prix

Le prix du pro­duit doit être fixé en fonc­tion de votre posi­tion­nement. Si vous voulez que vos clients voient votre pro­duit comme un choix abor­d­able, votre tarif doit juste­ment com­mu­ni­quer cela.

Bien sûr, un nou­veau pro­duit doit d’abord et avant tout apporter du prof­it à l’entreprise (à moins de ten­ter des folies comme une guerre des prix pour saign­er la con­cur­rence). Si vous voulez en appren­dre plus sur la manière d’assurer le prof­it en déter­mi­nant le prix de votre pro­duit, lisez cet arti­cle. Pour le moment, con­cen­trons-nous sur l’aspect mar­ket­ing du pricing.

Un exer­ci­ce utile pour vous aider à déter­min­er le prix d’un pro­duit est d’identifier où il se place en ter­mes de prix con­tre avan­tage (voir le tableau ci- dessous). Tant que vous y êtes, cela va aus­si vous aider à faire une carte de la con­cur­rence. En règle générale, les bonnes straté­gies sont celles en vert.

4. Définir le message produit et tactiques marketing de base

Il est main­tenant temps de par­ler de ce que vous allez dire à vos clients poten­tiels et de quels canaux et tac­tiques vous devriez utilis­er pour com­mu­ni­quer avec eux.

Message produit

Le mes­sage pro­duit capte l’attention de votre audi­ence cible et les ren­seigne sur votre produit.

D’un point de vue opéra­tionnel, définir son mes­sage pro­duit (prod­uct mes­sag­ing) est la stratégie qui est au cœur de votre com­mu­ni­ca­tion avec le client. C’est le cœur de chaque mes­sage que vous allez créer vous votre audi­ence cible, que ce soit une pub­lic­ité sur le web, un com­mu­niqué de presse, un tuto­riel pour votre pro­duit ou le con­tenu de votre page produit.

Voici un exem­ple de mod­èle de mes­sage pro­duit rem­pli avec des don­nées du nôtre. Vous pou­vez vous en servir et, si néces­saire, l’adapter à cha­cune de vos persona.

Pour opti­miser l’efficacité de votre doc­u­ment, vous devriez le faire analyser par votre ser­vice com­mer­cial, pro­duit voire juridique.

PRO TIP

Pen­dant que vous faites cela, con­cen­trez-vous sur ce qui vous rend unique, rester bref et direct, n’essayez pas de plaire à tout le monde.

Tactiques marketing de base

Si vous le con­stru­isez, ils viendront”.

N’y comptez pas.

Les marchés sont sat­urés de solu­tions pour à peu près n’importe quoi et les con­som­ma­teurs sur­chargés d’informations. Vous avez besoin de quelque chose qui va sor­tir du lot. C’est ici que les tac­tiques mar­ket­ing entrent en jeu.

Les tac­tiques mar­ket­ing sont des actions qui vont vous aider à attein­dre vos objec­tifs mar­ket­ing, ce sont les moyens de votre fin.

Selon moi, il y a deux voies que vous pou­vez emprunter lorsque vous développez vos tac­tiques marketing :

  1. Copiez les autres.Trou­vez com­ment des entre­pris­es sim­i­laires ont lancé leurs pro­duits ou cherchez l’inspiration dans des sociétés / pro du mar­ket­ing que vous admirez. Analy­sez les résul­tats qu’ils ont eu et ce qu’ils ont eu à inve­stir pour y par­venir. Adaptez, améliorez, servez-vous en.
  2. Soyez créatif et développez quelque chose de per­son­nel et unique

Com­mençons par par­ler de la pre­mière approche : copi­er les autres. Prenez le mar­ket­ing de con­tenu par exem­ple. Qui a été le pre­mier à le faire ? Miche­lin ? John Deere ? Per­son­ne ne le sait, et tout le monde s’en fiche.

Ce qui intéresse les gens c’est si ça marche ou non.

Aujourd’hui, des mil­liers d’entreprises utilisent le mar­ket­ing de con­tenu, nous com­pris. Ce thread Twit­ter explique le point de vue de Ahrefs sur le mar­ket­ing de contenu : 

Par­lons du “ROI du mar­ket­ing de con­tenu”. Les pro­fes­sion­nels du mar­ket­ing comme nous sommes trop sou­vent con­fron­té à cette ques­tion par notre patron (ou notre client) : — Com­ment je peux savoir que mon investisse­ment en con­tenu va me garan­tir des retours posi­tifs ? Et com­ment je peux le *MESURER* ?

Vous pou­vez copi­er (“vol­er”) :

  • Canaux de promotion
  • Stack de tech marketing
  • For­mats de pub
  • Types de mar­ket­ing collatéral
  • Types de contenu
  • Maque­ttes de sites (mais pas de vos con­cur­rents directs)
  • Tac­tiques SEO

Vous ne devriez pas copier :

  • Copy­writ­ing créatif (titres, slo­gan, base­lines, etc.)
  • Logos et autres élé­ments d’identification de marque
  • Propo­si­tions de valeur

Par­lons à présent de la deux­ième voie : être créatif.

Être créatif veut dire regarder les choses d’un angle dif­férent et penser dif­férem­ment (“out of the box”).

Nous avons par­lé de quelques tac­tiques de mar­ket­ing créa­tives ici et ici.

Si vous voulez dévelop­per des tac­tiques qui vous sont pro­pres, il faut pren­dre un nou­v­el angle.

Pour y par­venir, vous devez définir vos objec­tifs (des chiffres approx­i­mat­ifs à ce stade) et tra­vailler à l’envers pour déter­min­er com­ment les atteindre.

Par exem­ple, met­tons que votre objec­tif est de con­ver­tir 2000 clients en deux ans après le lance­ment de votre pro­duit. Avant que cela puisse arriv­er, à quels pré req­uis devez-vous répon­dre ? Com­ment se déroule cette his­toire dès 2000 clients ? Ou, en d’autres termes :

  • Qu’est ce ces client ont appris et expéri­men­té avec votre pro­duit pour les faire acheter ?
  • Où est-ce qu’ils en ont enten­du par­lé et com­ment ils l’ont expérimenté ?
  • D’où vien­nent les clients, et quelle est la pre­mière chose qu’ils ont apprise ?
  • Com­bi­en de per­son­nes avez-vous eu besoin d’atteindre pour en con­ver­tir 2000 ?

5. Définissez la distribution du produit

La dis­tri­b­u­tion con­siste à ren­dre un pro­duit ou ser­vice disponible au consommateur.

Pour sim­pli­fi­er, on peut seg­menter les canaux de dis­tri­b­u­tion en se bas­ant sur le type de pro­duit : numérique ou physique.

Produits numériques

  • Propriétaire/direct. Vous ne pou­vez acheter le logi­ciel que via le site. Vous con­trôlez l’intégralité de l’expérience et vous n’avez pas besoin de pay­er un tiers (à part vos sys­tèmes de paiement). C’est sans doute l’un des mod­èles les plus répandus.
  • App stores et mar­ket­places. Votre logi­ciel est seule­ment (ou prin­ci­pale­ment) disponible via des ser­vices tiers comme l’App Store d’ Apple ou une plate­forme que vous allez inté­gr­er, comme Atlass­ian Mar­ket­place. Les frais vari­ent selon la plate­forme, de 5% la pre­mière année à 30% de vos recettes après cela.
  • Pro­grammes parte­naires. Vous payez une com­mis­sion (ou four­nissez d’autres types de béné­fices) à des parte­naires qui font la pro­mo­tion de votre busi­ness (mar­ket­ing d’affiliation) ou qui agis­sent comme un parte­naire de ser­vice (XERO recevrait env­i­ron 50% de leurs recettes via un pro­gramme parte­naire). C’est générale­ment un canal secondaire.
  • FEO (OEM). Votre pro­duit est con­tenu avec un autre pro­duit final. Par exem­ple Ama­zon AWS fait tourn­er le back­end de beau­coup de ser­vices, dont Netflix.

Produits physiques

  • Dis­tri­b­u­tion directe. Vous vendez directe­ment aux au con­som­ma­teurs, en ligne ou dans des bou­tiques physiques. Vous con­servez toutes les recettes et avez un con­tact direct avec vos clients. Con­traire­ment aux pro­duits numériques, les pro­duc­teurs de pro­duits physiques se basent rarement sur ce seul canal. Ils emploient générale­ment un mélange de plusieurs canaux de distribution.
  • Dis­tri­b­u­tion de masse (inten­sive). Vous pro­posez vos pro­duits dans autant d’endroits que pos­si­ble. Vous devez vous atten­dre à ce qu’un dis­trib­u­teur prenne jusqu’à 40% de vos recettes.
  • Dis­tri­b­u­tion sélec­tive. Votre pro­duit n’est ven­du que dans cer­tains mag­a­sins spé­ci­fiques, générale­ment ceux spé­cial­isés dans votre secteur qui apporte une valeur ajoutée, comme un excel­lent ser­vice client.
  • Dis­tri­b­u­tion exclu­sive. Vous signez un accord avec ou un deux parte­naires qui ont les droits exclusifs pour pro­pos­er vos pro­duits dans une région par­ti­c­ulière (ce qui veut générale­ment dire empêch­er votre vente directe dans cette région).
  • FEO (OEM). Votre pro­duit est con­tenu dans un autre pro­duit final. Pensez “Intel inside” et Win­dows de Microsoft qui est ven­du avec la majorité des PC.

Comme vous pou­vez le voir, l’architecture de votre pro­duit définit glob­ale­ment sa dis­tri­b­u­tion. Par exem­ple, des apps faites pour des plate­formes spé­ci­fiques n’ont qu’un seul canal de dis­tri­b­u­tion, et le choix habituel des pro­duits SaaS est la dis­tri­b­u­tion directe.

Un autre fac­teur qui peut déter­min­er votre dis­tri­b­u­tion est l’environnement de votre marché, c’est-à-dire les habi­tudes des con­som­ma­teurs et votre con­cur­rence. Si tout le monde sur votre secteur s’appuie sur un mod­èle de dis­tri­b­u­tion tiers, il sera dif­fi­cile de pénétr­er le marché en ne se bas­ant que sur des ventes directes. Et, oui, cela s’applique même à Apple :

Source: 9to5mac.com

Ceci dit, la plu­part du temps vous aurez l’occasion de mélanger les canaux. Comme dans le cas de Xero, il pour­rait être logique pour vous de fournir le pro­duit directe­ment via des inter­mé­di­aires. Ou bien vous pou­vez mélanger la dis­tri­b­u­tion directe avec la dis­tri­b­u­tion de masse et le FEO, comme Intel avec ses processeurs.

Dans tous les cas, prenez en compte les coûts et béné­fices de choisir un canal plutôt qu’un autre. Toute forme de dis­tri­b­u­tion indi­recte va amput­er une par­tie de vos recettes, mais peut vous faire gag­n­er plus sur la durée en présen­tant votre pro­duit à plus de personnes.

6. Synchroniser le marketing, commercial et service client

À mesure que nous nous appro­chons de la fin du proces­sus de créa­tion d’une stratégie de go-to-mar­ket, vous ver­rez que la par­tie a pri­ori la plus dure est der­rière nous. Main­tenant tout repose plus sur des fac­teurs internes qu’externes.

D’abord, il va fal­loir tout lier ensem­ble pour syn­chro­nis­er les efforts de vos ser­vices mar­ket­ing, com­mer­cial et de ser­vice client pour le lance­ment de votre produit.

Comme chaque organ­i­sa­tion est dif­férente, je ne vais pas vous dire com­ment faire pour que ça marche pour vous. Je vais plutôt vous don­nez quelques astuces qui ont fonc­tion­né pour moi lorsque j’ai lancé de nou­veaux pro­duits ou fonc­tion­nal­ités importantes :

  1. Tra­vaillez au max­i­mum avec les autres ser­vices. C’est une oblig­a­tion lorsqu’on développe une stratégie GTM (à toutes les étapes). Menez des inter­views internes (sans les ren­dre formelles) et deman­dez aux col­lab­o­ra­teurs leurs idées et suggestions.
  2. Rassem­blez les deman­des des autres ser­vices. Deman­dez à vos col­lab­o­ra­teurs ce dont ils ont besoin pour aider au lance­ment du pro­duit de leur côté.
  3. Créez la “source de vérité”. C’est une doc­u­men­ta­tion fon­da­men­tale qui va servir de source de choix pour tout futur tra­vail sur le pro­duit. Par exem­ple des revues de presse, manuels d’utilisation (ou base de doc­u­men­ta­tion en ligne), tableaux de prix, guides de mes­sages com­mer­ci­aux et FAQ.

7. Déterminez le budget, planning et les ressources nécessaires

Met­tre n’importe quel pro­duit sur le marché va pren­dre du temps, des ressources et de l’argent. Il va fal­loir définir ces choses à l’avance si vous voulez lancer votre pro­duit sans cass­er votre tire­lire ou pul­véris­er vos plan­nings pour des choses pour lesquelles vous n’avez pas les ressources.

Ce type de tâche est à entre­pren­dre avec les autres ser­vices et les cadres supérieurs.

Si vous tra­vaillez avec un bud­get défi­ni, allouer le temps et la ressource est rel­a­tive­ment sim­ple. Divisez sim­ple­ment le bud­get entre les tac­tiques mar­ket­ing et répar­tis­sez les tac­tiques entres les mem­bres de l’équipe pour s’assurer que tout soit fait dans les temps.

Si vous avez plus de flex­i­bil­ité sur ces sujets, il va fal­loir faire quelques esti­ma­tions pour faire sor­tir votre pro­jet de terre. Voici quelques options :

  • Utilisez les don­nées de pro­jets sim­i­laires. Par exem­ple, le bud­get d’une précé­dente stratégie GT%.
  • Utilisez des vari­ables con­nues.Par exem­ple, prenez votre CAC et mul­ti­pliez-le par le nom­bre de clients que vous estimez attir­er la pre­mière année.
  • Faites une liste et addi­tion­nez. Tout sim­ple­ment. L’astuce ici est d’être aus­si spé­ci­fique que pos­si­ble lorsque vous lis­tez les élé­ments du bud­get, du plan­ning et des ressources. Heureuse­ment, il existe des out­ils pour vous aider : des mod­èles gra­tu­its de Google Sheets ou xcell, des mod­èles tout faits au sein d’outils de ges­tion de pro­jet (comme Monday.com) ou des cal­cu­la­teurs en ligne comme Eas­t­i­mate ou Simplestimate.
  • Cal­culer une moyenne pour vous don­ner un peu de marge. On appelle cela une esti­ma­tion en trois points. Vous prenez trois esti­ma­tions dif­férentes et cal­culez la moyenne. Ces trois esti­ma­tions peu­vent être : le scé­nario opti­miste, le scé­nario raisonnable et le scé­nario pes­simiste. Votre scé­nario raisonnable peut être cal­culé via les méth­odes citées au-dessus.Les autres scé­nar­ios seront des ver­sions mod­i­fiées de celui raisonnable.

8. Définissez vos mesures de succès

Vos mesure de suc­cès (suc­ces met­rics) font le lien entre votre objec­tif et les mesures que votre entre­prise con­trôle pour l’atteindre. En soi, ce sont deux philoso­phies à pren­dre en compte lorsque vous définis­sez la mesure des valeurs de votre suc­cès de votre stratégie go-to-market.

La pre­mière philoso­phie est de mesur­er les valeurs clés de tout le par­cours client pour un con­trôle et une vision maximale.

Par exem­ple, vous pour­riez baser vos mesures de suc­cès sur le mod­èle de fly­wheel. Dans ce mod­èle, vous mesurez les trois prin­ci­pales étapes du par­cours client : attir­er, engager et ravir. La crois­sance est générale­ment un “résul­tat” de l’optimisation de ces trois valeurs. C’est comme ça que Hub­spot fait croître sa société (après avoir aban­don­né le vieux mod­èle de l’entonnoir) et com­ment Jeff Besos a conçu la stratégie d’Amazon.

La sec­onde philoso­phie est de suiv­re une ou quelques valeurs “car­di­nales”. Par exem­ple des con­ver­sions (ou ventes), crois­sance de revenu et Net Pro­mot­er Score (NPS)

Si, au con­traire, vous pensez que vous avez besoin d’une solu­tion sur-mesure pour votre stratégie GTM, voici un guide poussé sur com­ment dévelop­per vos pro­pres mesures de suc­cès.

Lec­ture recom­mandée : 25 indi­ca­teurs mar­ket­ing que vous devriez suivre

Conclusion

Con­cevoir une stratégie go-to-mar­ket requiert beau­coup de tra­vail et de com­pé­tences. C’est cepen­dant le meilleur moyen de sécuris­er le lance­ment d’un pro­duit. J’irai même jusqu’à dire qu’il vaut mieux avoir une stratégie go-to-mar­ket “potable” que de ne pas en avoir du tout.

Alors gardez votre calme et pour­suiv­ez votre stratégie GTM. Lorsque vous aurez ter­miné toutes les étapes, vous aurez un out­il qui va amélior­er vos chances de suc­cès. Cela va en plus vous per­me­t­tre, à vous et vos col­lab­o­ra­teurs, de mieux dormir pen­dant la péri­ode stres­sante d’un lance­ment de produit.

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